Jugées lundi par la cour d’assises spéciale de Paris, cinq femmes, djihadistes présumées, sont soupçonnées d’avoir fomenté un attentat à l’aide de bonbonnes de gaz, près de Notre-Dame, en septembre 2016.
Cinq femmes, présumées djihadistes, dans le box des accusées. Inès Madani, Ornella Gilligmann, Sarah Hervouët, Amel Sakaou et Samia sont jugées trois ans après l’attentat raté de Notre-Dame dans le procès aux assises qui s’ouvre, lundi 23 septembre, à Paris.
Parmi ces femmes, aujourd’hui âgées de 22 à 42 ans, quatre encourent la perpétuité et la cinquième, 30 ans de réclusion criminelle. Une sixième femme, qui comparaît libre, est jugée pour non dénonciation de crime terroriste, un délit puni de cinq ans d’emprisonnement.
Le grand absent de ce procès est l’inspirateur de ces djihadistes présumées, Rachid Kassim. L’homme est jugé par défaut : ce propagandiste de l’organisation État islamique est probablement mort en Irak. Il avait déjà orchestré l’assassinat d’un policier et de sa femme en juin de cette année-là, puis, en juillet, celui d’un prêtre.
Le 4 septembre 2016, tôt le matin, des policiers découvrent six bonbonnes de gaz dans une voiture arrêtée au milieu d’une rue devant des restaurants près de Notre-Dame. Du Gazole et des restes de cigarettes sont également retrouvés. Grâce aux empreintes digitales de deux femmes, les enquêteurs identifient rapidement Inès Madani et Ornella Gilligmann. Toutes deux étaient déjà connues des services de renseignement pour avoir tenté de se rendre en Syrie.
Selon les magistrats instructeurs, «seul un mauvais choix de carburant (…) a fait échec à leur tentative» dont le mode opératoire «augurait d’un carnage». Le 6 septembre, Ornella Gilligmann est arrêtée sur une aire d’autoroute dans le sud de la France, alors qu’elle cherche à fuir avec son mari et leurs trois enfants. Inès Madani, suivant les conseils de Rachid Kassim, se rend à Boussy-Saint-Antoine, dans l’Essonne, chez une autre femme, Amel Sakaou.
Une troisième jeune femme, Sarah Hervouët, les rejoint, elle aussi guidée par le jihadiste sur des messageries cryptées.
Le 8 septembre, se sachant traquées par la police, elles quittent l’appartement armées de couteaux de cuisine. Sur le parking, Sarah Hervouët porte un coup de couteau à un policier en civil de la DGSI qui se trouve dans une camionnette. Inès Madani est, elle, blessée aux jambes par un policier qui lui tire dessus. Cette dernière, aujourd’hui âgée de 22 ans, qui a fait figure de « mentor » pour les « sœurs » du jihad, sera notamment jugée pour « tentative d’assassinat sur une personne dépositaire de l’autorité publique », mais nie avoir voulu s’attaquer au policier : elle lui aurait crié « Tue-moi ! », voulant mourir en martyr.
En avril, Inès Madani a déjà été condamnée à huit ans de prison pour avoir incité des candidats au jihad à rejoindre la Syrie ou à commettre des attaques en France et en Belgique, entre mars 2015 et juin 2016. Elle est connue pour avoir incité des femmes à rejoindre l’organisation État islamique, en utilisant des pseudonymes de combattants sur les réseaux sociaux. Au téléphone, elle modifiait sa voix pour passer pour un homme.
Ce procès est une première, à plusieurs niveaux. C’est le premier dossier à être renvoyé aux assises parmi la vague d’attentats et de tentatives d’attentats djihadistes, qui a fait 251 morts en France depuis 2015. De plus, pour la première fois, l’accusation sera représentée par deux magistrats du parquet national antiterroriste, un parquet spécialisé entré en fonction le 1er juillet.
Le procès, qui se tient devant la cour d’assises spéciale, composée uniquement de magistrats professionnels, devrait se terminer le 11 octobre.