Après que le président tunisien Kaïs Saïed a déclaré, jeudi 5 août, qu’il n’y avait pas de retour en arrière à la suite à sa décision, le mois dernier, de congédier le gouvernement, geler les travaux du Parlement et d’assumer les pouvoirs exécutifs, une démarche qu’Ennahda a dénoncée comme un coup d’État. Le parti islamiste, pour retrouver le contrôle, a signé un contrat de lobbying.
Le parti islamiste Ennahda en Tunisie a eu recours aux services de plusieurs cabinets de lobbying américains entre 2014 et 2021 afin de promouvoir les intérêts et l’image de de la formation influente. Les réseaux d’Ennahda dans la capitale américaine n’ont pas manqué de réagir aux dernières annonces du président tunisien.
Alors que le parti islamiste Ennahda, principale force politique du Parlement, a appelé à l’ouverture d’un dialogue, douze jours après les annonces inattendues du chef de l’État, le site Kapitalis dévoile un contrat de lobbying signé entre le parti islamiste et l’agence américaine Burson Cohn & Wolfe.
«Selon les fac-similé des documents relatifs à ce contrat, le montant déboursé pour ce contrat et en devises fortes s’élève à 30.000 dollars, une bagatelle pour un parti habitué à débourser des sommes beaucoup plus exorbitantes pour sa propagande à l’intérieur et à l’étranger, où une véritable armée est payée par ses soins à cet effet» note Kapitalis.
Le Conseil consultatif du parti islamiste, réuni mercredi en session extraordinaire pour discuter de la situation actuelle, a souligné dans un communiqué entamer une profonde autocritique. Mais les informations de Kapitalis risquent de déplaire aux ONG tunisiennes qui avaient déjà lancé une campagne demandant aux décideurs politiques plus de transparence sur leurs relations avec les lobbys étrangers. Elles leur demandent notamment de rendre public leurs rendez-vous avec les représentants d’intérêts.
«La cible visée par le nouveau contrat ce sont les décideurs et les médias aux Etats-Unis» a-t-on précisé, rappelant que «la loi tunisienne interdit le financement étranger des partis politiques et là, il va falloir que la justice tunisienne bouge pour enquêter sur la partie ayant déboursé la somme de 30 000 dollars pour ce contrat et sur ses liens avec les dirigeants du parti islamiste tunisien».






