Arrivé, à la surprise générale, en tête lors du premier tour de scrutin, le constitutionnaliste conservateur va compter de l’appui du parti islamiste modéré
Nul, hormis peut-être lui-même, n’imaginait quelques moins avant le scrutin qu’il serait l’un des deux candidats du second tour de la présidentielle. Arrivé à cet entre-deux-tours, Kaïs Saïed paraît nourrir de grandes ambitions, surtout avec le soutien officiel d’Ennahda. Kaïs Saïed sera opposé à Nabil Karoui, un homme d’affaires actuellement incarcéré pour fraude fiscale.
Les deux hommes, étrangers au sérail politique tunisien, ont été amplement scrutés ; dans un contexte de grande incertitude. Le frémissement démocratique tunisien a succédé à une dérive autoritaire qui n’a cessé de s’aggraver sous Ben Ali.
La Tunisie est aujourd’hui à un tournant et tout semble l’indiquer : les candidats à la présidentielle devront répondre à une lassitude grandissante de l’opinion et prendre des mesures pour améliorer le niveau de vie des Tunisiens qui s’est considérablement régressé durant les dernières années, l’économie se rétablit et les institutions financières internationales continuent d’accompagner gestion du pays. Mais l’on s’inquiète de la détérioration du climat politique et de l’opacité du milieu des investissements qui pourraient, à terme, compromettre son bien-être économique.
Lors des élections municipales en 2018, seuls 34 % des quelque 7 millions d’électeurs tunisiens ont effectué le déplacement. À la précédente présidentielle, en 2014, la participation avait atteint les 63 % des inscrits. Le 15 septembre, elle a atteint 45 % pour le premier tour.