Une impression de déjà-vu. Comme en 2011, c’est la mort d’un jeune diplômé chômeur qui a mis le feu aux poudres dans plusieurs villes tunisiennes. Âgé de 26 ans, il s’est électrocuté après être monté sur un poteau, alors qu’il participait à un sit in samedi dernier à Kasserine, suite au retrait de son nom d’une liste d’embauches dans la fonction publique.
Dans les heures qui ont suivi, le ministre de l’Intérieur tunisien a tout de suite annoncé que le gouverneur de la ville était limogé, mais cela n’a pas calmé les choses. Depuis le week end dernier, les affrontements violents se sont multipliés entre manifestants et forces de l’ordre dans plusieurs villes de l’Ouest.
Au cœur des revendications : la création d’emplois et la mise en place d’alternatives pour réduire l’exclusion sociale et les disparités régionales.
Quatre jours après le début des émeutes dans le gouvernorat de Kasserine (Ouest), le sujet fait la une des médias locaux et internationaux. Ce matin à Tunis, la presse rappelle que tout a commencé dimanche quand, la correspondante locale de l’agence de presse tunisienne TAP, des manifestants ont jeté des pierres et des bouteilles contre le siège du gouvernorat, blessant des policiers et des militaires.
Reuters et l’AFP précisent que les routes ont été bloquées à l’aide de pneus brûlés et que les policiers ont répondu à coup de gaz lacrymogène et de canons à eau.
Tunisie14.tn, qui retrace le film des évènements, raconte que deux jeunes ont tenté de se suicider lundi dernier après avoir été transférés à l’hôpital régional de Kasserine. Les site d’informations tunisien raconte comment les manifestations ont tourné à l’émeute et rappelle que les autorités ont annoncé mardi l’instauration d’un couvre-feu, de 18h à 5h du matin, dans la ville de Kasserine.
Une mesure qui n’a pas empêché la situation de se dégrader encore toute la journée d’hier. Les affrontements entre policiers et manifestants ont en effet repris de bon matin à Kasserine avant de s’étendre aux localités de Thala et Meknassi. Le bilan provisoire établi par les autorités, tel que relayé hier soir par la TAP, fait état de la mort d’un policier à Ferriana et de 23 blessés parmi les émeutiers.
Sur Euronews, ce jeudi, un homme témoigne: “ Les affrontements sont le seul moyen pour que le gouvernement nous entende. Il n’y a pas d’autre solution. Nous lui demandons des emplois depuis cinq ans, mais il n’a jamais répondu”.
Une femme ajoute que la situation sociale est explosive : “Dans ma famille, nous sommes huit, seule ma sœur travaille. Elle passe le balai dans les rues alors qu’elle a un diplôme universitaire. Elle gagne 234 dinars (environ 110 euros) pour huit personnes, vous arrivez à imaginer ça ? Depuis trois ans, le propriétaire de notre logement essaye de nous mettre dehors”.
A Tunis, les plus hautes autorités du pays semblent jouer la carte de la conciliation. Hier soir, le président tunisien s’est adressé aux tunisiens pour dire qu’il comprend les mouvements de protestation qui « viennent pruver que la Tunisie respecte la Constitution. Mais, il prévient que, bien que « légitimes », ces manifestations ne doivent « s’amplifier ».
Du côté des syndicats et des représentants du patronat, l’Union générale du travail, qui menaçait d’appeler à la grève générale, annonçait mardi qu’un accord passé avec l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat prévoit des revalorisations salariales. Le journal français Le Monde précise que ces augmentations de salaires concernent pas moins d’un million et demi d’employés du secteur privé.
Enfin, le porte-parole du gouvernement a annoncé un plan d’urgence pour la région Ouest. Une série de mesures qui prévoit des milliers d’embauches avec notamment pour la construction d’un millier de logements sociaux.
En Tunisie, un tiers des demandeurs d’emploi possèdent des diplômes universitaires. Depuis 2010 le chômage est passé de 12 à plus de 15 %. Dans l’Ouest c’est le double, le taux de chômage atteignant environ 30 % de la population active.






