Le moins que l’on puisse dire, c’est que le prochain gouvernement tunisien s’installera dans une conjoncture difficile. La Tunisie traîne encore ses séquelles économiques de 2011, beaucoup de défis s’annoncent dès maintenant.
En premier lieu, le premier défi est le chômage, puisque 15,33% de la population active est au chômage en Tunisie, dont la grande majorité sont jeunes et diplômés. Pour ce faire, la machine économique du pays doit être graissée et relancée. En effet, l’économie du pays a réellement souffert de l’instabilité politique suivant la Révolution du Jasmin et le printemps arabe, et de l’insécurité générée par la multiplication d’actes terroristes qui ont en majorité ciblé des touristes. Malgré ces événements, le tourisme en Tunisie reprend doucement mais sûrement.
En général, le tout s’arrange aléatoirement. Le PIB tunisien a enregistré en 2018 une hausse de 2,5% contre 1,9% en 2017. Pour maintenir et hausser cette progression, le nouveau gouvernement doit s’équiper de mécanismes stabilisateurs de ces acquis, bien qu’ils demeurent insuffisants pour créer de la valeur ajoutée et de l’emploi jusqu’à présent. A noter que le chômage persiste malgré une vague le recrutement dans le secteur public, ainsi, promouvoir le secteur privé serait une excellente manière pour le pays de se défaire de la crise.
Autre défi, l’amélioration du pouvoir d’achat du citoyen et des services sociaux. L’inflation a dévoré les portefeuilles des citoyens, et la dépréciation du dinar face aux grandes devises n’a rien ajouté de bon au lot. En plus de cela, les services sociaux comme la santé et l’éducation se sont dégradés à vue d’oeil et le citoyen lambda en a largement souffert.
Troisième défi, le déficit budgétaire accentué par la masse salariale étatique. Sur un budget global de 47 milliards de dinars au titre de 2019, la masse salariale engrange à elle seule 19 milliards de dinars, soit 40,42% du budget, qui représente lui 40% du PIB. En conséquence, il ne reste pas grand-chose pour faire face aux investissements publics, ni au remboursement du service de la dette et la Tunisie se retrouve constamment contrainte d’emprunter auprès du FMI. Une habitude dont elle devrait se défaire, surtout que dans la loi de finances tunisienne pour 2020, la masse salariale représente 15,7% du PIB dans le budget, alors qu’elle n’en représentait que 10% avant 2011, le secteur public emploie actuellement un total de 6% de la population du pays. Le seul moyen d’étouffer cette masse reste de suspendre le recrutement dans la fonction publique, ou d’entamer une campagne de départ volontaire. Ces dernières années, la dette extérieure s’est aggravée de plus de 70% depuis fin 2016. Et le taux d’endettement du pays dépasse les 90%.
Ce n’est pas tout, la liste est encore longue et elle comprend les décisions définitives relatives à l’Accord de libre-échange complet et approfondi (ALECA) entre la Tunisie et l’Union européenne, l’agriculture tunisienne et plusieurs autres réformes. Il revient donc au gouvernement de prendre en charge ces chantiers, bien qu’actuellement, le parlement soit une sélection hétéroclite de tous les partis politiques tunisiens, qui peinent parfois à se mettre d’accord sur les choses.