Le président russe Vladimir Poutine a affirmé jeudi que les forces russes avaient « libéré » avec « succès » le port stratégique ukrainien de Marioupol, tout en écartant l’idée de donner l’assaut sur les derniers combattants réfugiés dans une aciérie, qui réclament une aide internationale pour évacuer.
La chute définitive de Marioupol, grand port industriel sur la mer d’Azov devenu ville-martyre et champ de ruines après deux mois de pilonnage et de siège russes, marquerait une victoire importante pour Moscou, dont l’armée a accumulé les contre-performances depuis le début de son invasion de l’Ukraine le 24 février. Beaucoup pensaient initialement que Kiev tomberait entre ses mains en quelques jours.
Mais malgré un nouvel appel à la reddition de Vladimir Poutine jeudi, les derniers combattants ukrainiens, retranchés dans l’immense complexe métallurgique Azovstal, refusent de se rendre.
Relayant un appel d’un commandant adjoint du bataillon Azov, parmi les derniers à se battre, le ministère ukrainien des Affaires étrangères a réclamé jeudi, dans un tweet, l’instauration d' »un couloir humanitaire d’urgence » avec des « garanties » de sécurité pour évacuer les civils encore « présents en grand nombre » dans l’aciérie, selon lui.
Dans ce contexte, « je considère que l’assaut proposé de la zone industrielle n’est pas approprié. J’ordonne de l’annuler », a déclaré M. Poutine lors d’une rencontre avec son ministre de la Défense, Sergueï Choïgou, diffusée à la télévision russe.
« Il faut penser (…) à la vie et à la santé de nos soldats et de nos officiers, il ne faut pas pénétrer dans ces catacombes, et ramper sous terre », a affirmé le maître du Kremlin. « Bloquez toute cette zone de sorte que pas une mouche ne passe », a-t-il ajouté.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky affirmait mercredi qu’il y avait encore quelque « 1 000 civils, femmes et enfants » et des « centaines de blessés » dans l’aciérie. Jeudi, le maire de Marioupol a parlé de « 300 à 1 000 civils ».
Selon le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou, il resterait 2 000 combattants dans l’aciérie. Il n’a pas parlé de civils. Ces chiffres sont invérifiables de source indépendante.
Reprise des évacuations
Les autorités locales redoutent que plus de 20 000 personnes soient mortes à Marioupol, qui comptait près de 450.000 habitants avant la guerre, en raison des combats mais aussi de l’absence de nourriture, d’eau et d’électricité. L’armée russe contrôle une grande partie de la ville depuis des jours déjà, ayant même emmené des journalistes occidentaux sur place.
Alors que les évacuations de civils ont été, tout au long du siège, rares et périlleuses à organiser, la Première vice-Première ministre ukrainienne Iryna Verechtchouk a indiqué jeudi que quatre bus de civils avaient pu quitter la ville pour Zaporijjia, à quelque 200 km au nord-ouest.
Trois bus sont arrivés dans l’après-midi à Zaporijjia, a constaté l’AFP.
Mais les départs se font au compte-gouttes, a indiqué jeudi le maire de Marioupol, Vadim Boïtchenko. Et le trajet peut prendre plusieurs jours en raison des nombreux checkpoints à franchir dans cette région du sud-est de l’Ukraine où les combats continuent.
La ville de Zaporijjia a aussi été touchée par deux frappes jeudi, selon l’administration régionale, qui ont visé des « infrastructures » apparemment sans faire de victimes.