La protection de la mise en œuvre du scrutin est assurée par près de 72.000 hommes, alors que les soucis sur sa régularité et sa transparence se posent. Dix-huit candidats participent à cette élection. Ce nombre est une manifestation de la division ethnique du pays.
Pour la quatrième fois depuis l’indépendance en 1919, les Afghans éliront, ce samedi, leur chef d’État au suffrage universel direct. Un événement majeur alors que l’exercice démocratique dans le pays est marqué par l’inertie des institutions étatiques et l’agonie des pourparlers avec les talibans.
Alors que ce scrutin qui déterminerait l’avenir de l’Afghanistan est secoué par les menaces, le ministère de l’Intérieur a annoncé le déploiement de 72.000 hommes pour garder les près de 5.000 bureaux de vote du pays. L’accès à la capitale à tous les camions et camionnettes a été interdit, par peur des attentats aux véhicules piégés. Mais une heure après l’ouverture des bureaux de vote, des explosions se sont produites dans les villes de Kaboul, Ghazni, Jalalabad et Kandahar. Trois personnes ont été blessées dans l’explosion à l’intérieur d’un bureau de vote, a déclaré un porte-parole du gouverneur de la province. Un responsable de l’hôpital Mirwais révèle que ce sont 18 personnes blessées qui ont été admises dans cet établissement pour les soins nécessaires.
Les insurgés avaient multiplié les avertissements aux quelque 9,6 millions d’électeurs pour les dissuader de participer au scrutin. La campagne électorale a démarré fin juillet par un attentat ayant fait 20 morts. Plus de cent autres personnes ont été victimes d’attaques revendiquées par les talibans depuis. À cela s’ajoute le risque que le groupe État islamique se mêle de la partie, lui qui a revendiqué un attentat contre un mariage ayant fait 80 morts en août.
Le scrutin rassemble 18 candidats à un mandat de cinq ans, et oppose surtout deux favoris, l’actuel chef de l’État Ashraf Ghani et son chef de l’exécutif Abdullah Abdullah. Ils s’affrontaient déjà en 2014, dans une élection marquée par des irrégularités si graves que les États-Unis avaient imposé par leur médiation la création du poste de Abdullah Abdullah, réputé arrivé second.
Les autorités afghanes ont assuré avoir pris toutes les mesures pour éviter la fraude, en déployant notamment une batterie de moyens techniques, dont des lecteurs biométriques. Les résultats préliminaires sont attendus le 19 octobre et les définitifs le 7 novembre.
La première inconnue sera l’ampleur de l’abstention. La caractéristique de ce scrutin est l’absence d’un projet politique, économique et social. Presque toutes les campagnes étaient fondées sur le rétablissement de la stabilité et du pays. Le futur chef de l’État prendra la tête d’un pays en guerre, où 55% de la population vivait avec moins de deux dollars par jour en 2017, et où le conflit avec les insurgés a tué plus de 1 300 civils au premier semestre 2019, selon l’ONU.