Ce que les généraux militaires n’ont pas saisi, c’est que l’ère des joutes oratoires sans art s’est terminée dans les années 90. Et pourtant ces années-là qui ont conduit à l’émergence du FIS ont été pleines d’enseignement pour l’Algérie. La décennie noire de la guerre civile a vu l’effondrement de l’économie et l’assassinat d’un des rares présidents patriotes et indépendant du pays. Le retour en force des islamistes à l’issue des dernières législatives qu’ignore la composition du gouvernement algérien, montre que les enseignements en Algérie encore une fois ne sont pas tirés. Quant à gagner des batailles diplomatiques par la force des mots, ce n’est possible que quand dire c’est faire. Et faire, même de manière décomplexée n’est pas agresser et encore moins mentir.
Répondre à la main tendue du roi Mohammed VI par un silence présidentiel que motiveraient les propos de Omar Hilale lors du débat général de la réunion ministérielle du Mouvement des Non Alignés des 13 et 14 juillet derniers concernant la Kabylie, c’est faire l’impasse sur le mensonge de Lamamra sur une pseudo reprise du conflit militaire au Sahara. C’est aussi ignorer, d’une part, la provocation algérienne puisque le sujet du Sahara n’était pas inscrit à l’ordre du jour et, d’autre part, l’engagement politique de deux poids deux mesures de l’Algérie en faveur de l’autodétermination.
Le porte-parole des généraux, Abdelmajid Tebboune, semble oublier que via internet, l’ONU met à disposition de qui veut bien les lire, les rapports de ses réunions et ses résolutions dans toutes les langues.
Partant de là, soutenir en tant que Président à la télévision publique algérienne, que l’Algérie est un simple observateur du conflit entre deux parties, c’est vouloir gommer et sa propre participation depuis 2008 en tant que partie, aux Tables Rondes, et la résolution 2548 adoptée par le Conseil de sécurité de l’ONU qui cite 5 fois l’Algérie et la consacre ainsi comme partie principale au processus visant à aboutir à « une solution politique, réaliste, pragmatique et durable » à la question du Sahara « qui repose sur le compromis ».
Cette résolution a été acceptée par l’Algérie qui en fait une partie intégrante et active du conflit.. puisqu’en plus d’avoir autoproclamé une république sahraouie à Alger, elle en arme le « polisario » et confine dans des camps de fortune des sahraouis lambdas pendant que les « chefs » de leurs tribus vivent la dolce vita entre Espagne et Algérie grâce en partie à l’argent détourné des aides internationales pour ces populations déplacées. Dire que son pays n’est qu’un « observateur honnête » et que les parties du conflit sont « les bienvenues pour régler leurs différends à Alger », croyant faire de l’esprit, montre la mauvaise foi des dirigeants algériens et leur mépris pour les résolutions onusiennes dont ils se réclament du bout des lèvres pour faire durer le dénouement inévitable pourtant. Essayer vainement de faire du Maroc un brasier à l’instar de leur pays, foyer de groupuscules armés de l’Etat islamique au lieu de s’allier à lui, reste une énigme.
Il est évident que la conjugaison des efforts économiques et sécuritaires de tous les pays frontaliers et le Maroc en première ligne, est de nature à stabiliser définitivement et l’Algérie et le Sahel, et éteindre ces foyers terroristes qui frappent aux portes de ces Etats. L’Algérie est en effet engagée dans des partenariats internationaux visant la stabilité au Sahel et dans une moindre mesure, une action concertée en Lybie et en Tunisie, sans plus.
Comment parvenir aux résultats attendus par la communauté internationale tout en s’épuisant ailleurs et en dehors du cadre légal onusien ?
Les intérêts suprêmes régionaux et des peuples ne sont pas un banc d’école de chamailleries entre camarades de pupitre. Et pourtant, le niveau de la rhétorique des généraux via la voix peu assurée mais contrainte de Tebboune le démontre. La tristesse de cette réalité et ses implications ne prêtent même plus à sourire. Elles exigent une accélération des voies diplomatiques d’Etats démocratiques, à l’opposé de ce que l’ADN même des Etats reposant sur des juntes militaires, offre.