Le roi Mohammed VI a nommé jeudi un nouveau gouvernement qui aura pour priorité de mettre en place un programme audacieux et sans ambiguïtés. Le nouveau cabinet a la mission de mettre à profit les prochains mois pour valoriser son action et ses ambitions.
Les défis à venir pour le nouveau gouvernement qui prend ses fonctions sont immenses : redressement économique, épineuse réforme des secteurs stratégiques, privatisations, stature du Maroc dans le monde ou lutte contre les affres de la pandémie. Un chiffre : Un cinquième des Marocains les plus aisés s’arrogent plus de la moitié des revenus perçus par an à l’échelle nationale, dépassant «le seuil socialement tolérable», d’après une étude publiée par le Haut-Commissariat au plan (HCP) : la tare des inégalités.
La nouvelle équipe constituée a une donne à prendre en considération : le moral des ménages marocains vis-à-vis de leur niveau de vie qui s’est globalement dégradé. Entre une politique timide soutenue avec courage et une politique hardie pratiquée avec timidité, le choix ne se pose même pas. La rectitude politique s’impose. Un grand nombre de ménages ont été affectés par les effets économiques de la crise sanitaire, doublée d’une importante sécheresse.
Le ministre des Affaires étrangères Nasser Bourita est maintenu dans ses fonctions. Abdelouafi Laftit conserve le portefeuille de l’Intérieur. Preuve s’il en faut de l’unité intérieure et extérieure du royaume. Avec 24 ministres, ce nouveau cabinet compte sept femmes contre quatre dans le gouvernement sortant. La parité progresse lentement.
Le RNI, en grâce, a conservé les portefeuilles stratégiques de l’Agriculture, où succède à Akhannouch lui-même son numéro deux au ministère, Mohamed Sadiki et de l’Economie, avec Nadia Fettah, ex-ministre du Tourisme. Le premier sera confronté à un secteur agricole en difficulté et la seconde, à des recettes du secteur touristique, qui ont pratiquement chuté de moitié (-44,1 %) sur les sept premiers mois de l’année 2020, selon la Direction des études et des prévisions financières (DEPF). Il obtient également le ministère de la Santé, avec Nabila Rmili, également nouvelle maire de Casablanca, la capitale économique.
Le PAM hérite lui de la Justice et de l’Aménagement du territoire. Quant à l’Istiqlal, il a hérité des postes de l’Équipement et de l’Industrie. L’Education nationale, en quête de réforme en profondeur, revient à l’actuel ambassadeur du Maroc en France, Chakib Benmoussa. «Un système inclusif et égalitaire permettrait d’atténuer les disparités sociales et de gommer en partie les différences liées au milieu d’origine», a indiqué un rapport international. Or le Maroc a beau consacrer 21,5 % de son budget à ce secteur (bien plus que la moyenne de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord, avec 13,9 %), son système éducatif est largement cible de critiques.
Chakib Benmoussa a été également président de la commission, mandatée par le monarque, qui a élaboré le Nouveau modèle de développement (NMD), un pacte politique établissant les priorités socio-économiques du royaume. Cette feuille de route servira à détailler des solutions pour le ralentissement de la croissance et de réduire les profondes inégalités qui frappent le Maroc. Elle ambitionne de doubler le PIB par habitant à l’horizon 2035.
Le nouveau gouvernement devra faire face aux lourdes répercussions de la crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19: l’économie s’est contractée de 7% en 2020, le taux de chômage a bondi à 11,9% la même année et les disparités sociales se sont creusées, d’après les rapports officiels. L’exécutif aura aussi pour objectif principal de mener à bien l’ambitieux projet de généralisation de la couverture médicale pour 22 millions de Marocains (sur près de 35 millions) d’ici 2025 comme annoncé par le souverain en 2020.L
Chef du RNI depuis 2016, Akhannouch présentera son programme dans les prochains jours devant la Chambre des représentants afin d’obtenir sa confiance. Les stratégies d’assainissement dans le contexte de la détérioration des finances publiques ainsi que les éléments d’efficience dans certains domaines des services publics, en particulier l’enseignement, les soins de santé et le filet de protection sociale, sont les plus grands paramètres du prochain le gouvernement.