La factice mobilisation du régime algérien en faveur des Palestiniens ne trompe personne. Fayçal al Kacim, journaliste emblématique mais controversé du réseau qatari al-Jazeera, s’est vu contraint de retirer des tweets mettant en relief les postures algériennes relatives à la cause palestinienne alors que le régime d’Alger réprime la contestation populaire.
Les mots du journaliste d’Al-Jazeera Fayçal al Kacim étaient tonitruants. «Ils tuent et font déplacer des centaines de milliers de leur population et après ils déclarent soutenir le peuple palestinien, à l’instar du régime algérien» ; ou encore en réponse à Ramtane Lamamra : «Au lieu de soucier des droits des Palestiniens, il faut se préoccuper des droits de vos concitoyens qui mènent depuis deux ans une révolution contre ton régime, et qui croulent sous la pauvreté et l’arbitraire.» Des propos qui risquent de déplaire au pouvoir algérien, alors que le président Abdelmadjid Tebboune a été le premier chef d’État algérien à s’exprimer sur Al-Jazeera en juin, et au moment où des rumeurs sur un retour de la chaîne dans le pays ont refait surface.
Contraint de retirer ses tweets après des attaques massives bots algériens, le journaliste britannique d’origine syrienne a mis à nu les fades positions du régime algérien à l’égard de la Palestine, lequel se contente d’appeler la communauté internationale à mettre fin à la «politique d’occupation israélienne des territoires palestiniens». En mai, à l’issue de la réunion d’urgence du conseil de la Ligue arabe, Sabri Boukadoum, ex-ministre des affaires étrangères, a exhorté les pays membres à réactiver «la solidarité arabo-musulmane» pour faire avancer la cause palestinienne. Une sortie critiquée, jugée comme une tentative de détournement du dossier palestinien au moment où des pays ont entamé un processus de rapprochement avec Tel-Aviv.
Plus étonnant encore, dans ses vœux adressés aux Algériens, le 12 mai, à l’occasion de la fête de l’Aïd el-Fitr, le président Abdelmadjid Tebboune a tenu à rappeler «les sacrifices du peuple palestinien frère qui mène une résistance héroïque face à l’occupation», alors que la répression massive contre le Hirak populaire a atteint son apogée.
L’Algérie, qui se dit particulièrement engagée dans la défense de la cause palestinienne, réitère sans cesse sa volonté de voir l’établissement d’un État indépendant basé sur les frontières de 1967, avec Jérusalem comme capitale. Sauf que l’Algérie ne finance que très timidement les organisations internationales pro-palestiniennes.
En 2020, l’Algérie a exclu de contracter des prêts auprès du Fonds monétaire international (FMI) et des organismes financiers internationaux en dépit de la crise financière qui frappe le pays en raison de l’affaiblissement des cours du pétrole. Dans deux déclarations qui ont provoqué la dérision générale, Abdelmadjid Tebboune a assuré préférer «emprunter auprès des citoyens plutôt qu’auprès du FMI ou de la Banque mondiale (BM)», car «lorsque nous empruntons auprès de banques étrangères, on ne peut parler ni de la Palestine ni du Sahara occidental», deux causes chères à Alger, a-t-il argué.