Un juge donne cinq jours aux autorités espagnols pour clarifier les circonstances d’entrée de Brahim Ghali sur le territoire espagnol. Il s’agit d’une procédure lancée après la plainte d’un avocat contre le leader du Polisario et contre les agents de l’aéroport de Saragosse.
Un juge de Saragosse a donné cinq jours au chef de la Garde civile afin d’éclaircir les conditions dans lesquelles Brahim Ghali a utilisé des documents diplomatiques pour voyager en Espagne, où il a entamé des soins après sa contamination de la Covid-19, rapportent des médias espagnols. Visé par deux plaintes, Brahim Ghali a été laissé libre le 1ᵉʳ juin à l’issue de son audition par un juge espagnol. Son accueil dans un hôpital de Logroño, en avril, a provoqué une crise diplomatique majeure entre le Maroc et l’Espagne.
Une enquête a été ouverte à Brahim Ghali pour faux et usage de faux, détention de faux documents administratifs, prise du nom d’un tiers pouvant entraîner des poursuites pénales pour l’utilisation de papiers falsifiés ou utilisés sous de fausses identités.
Le chef du tribunal d’instruction numéro 7 de Saragosse, Rafael Lasala, a ouvert une procédure après la plainte déposée par l’avocat Antonio Urdiales «pour faux et usage de faux, utilisation indue et recel» contre Brahim Ghali et les agents des frontières de cet aéroport et les services des Affaires étrangères «qui ont autorisé l’entrée de personnes» munies de documents falsifiés, sachant que l’un d’entre elles est le «dirigeant du Polisario», faisant face à des poursuites pénales pour crimes graves de génocide et de torture.
Selon le plaignant, après l’atterrissage de l’avion algérien «dans la zone militaire de l’aéroport», les autorités ont manqué à leur obligation «de porter ces faits à la connaissance du pouvoir judiciaire de Saragosse» et ont permis le transfert de Ghali au hôpital de Logroño où il est entré avec une fausse identité.
Dans l’ordonnance du juge qui enquête sur les faits, il a été demandé à la Garde civile à fournir les noms et prénoms des occupants de «l’avion médicalisé affrété par la présidence algérienne», des détails sur leurs visas d’entrée et les autres circonstances qui ont déterminé leur entrée sur le territoire national.
Visa de courtoisie
La plainte fait valoir la nécessité de savoir le chef du Front Polisario «accédait au territoire espagnol avec un faux passeport ou avec un passeport authentique, avec un visa de droit commun ou avec un visa de courtoisie, délivré par un fonctionnaire connaissant l’existence d’affaires pénales pour crimes graves contre Brahim Ghali devant la Cour nationale».
En outre, le juge Pedraz a refusé d’enquêter sur l’utilisation alléguée d’un faux passeport par Ghali en raison de la fausseté des documents, rejetant que la Cour était compétente pour instruire cette procédure.
La plainte «se réfère aux déclarations de la ministre des Affaires étrangères, Arancha González Laya, qui a assuré que le gouvernement a autorisé l’entrée de Ghali en Espagne pour des raisons humanitaires, comme si de telles raisons – a été précisé – constituaient une hypothèse d’exonération de responsabilité pénale».
Face à cette déclaration, rappelle-t-on, le gouvernement du Maroc a affirmé que le leader du Polisario a utilisé de faux papiers pour entrer en Espagne «accompagné de deux autres personnes non identifiées», et pour être admis à l’hôpital de San Pedro de Logroño, où il a été enregistré sous l’identité de Mohamed Benbatouche.
L’accès de Ghali au territoire espagnol «se serait nécessairement effectué par des actes de dissimulation manifeste, ordonnés sans doute par une autorité compétente».
Brahim Ghali a été entendu lundi en visioconférence de l’hôpital de Logroño par un juge du haut tribunal madrilène de l’Audience nationale, car il est visé par deux plaintes en Espagne. La plus récente, pour «arrestation illégale, tortures et crimes contre l’humanité», a été déposée en 2020 par Fadel Breika, dissident du Front Polisario naturalisé espagnol, qui affirme avoir subi des exactions inhumaines dans les camps de réfugiés sahraouis à Tindouf, en Algérie.