C’est un réseau de quelque cent trente comptes iraniens sur le réseau social de microblogage Twitter, engagés dans une opération de promotion de l’affaire de Soulaiman Raissouni, manœuvrés depuis l’étranger.
Plusieurs douzaines de faux comptes Twitter au comportement suspect ont été créés durant ces derniers mois afin de commenter l’affaire Soulaiman Raissouni. D’un caractère assidu et avec des particularités accentuées, elles répandent des fausses nouvelles sans autre ordre, semble-t-il, qu’un lien chronologique assez lâche; élaborées de façon à mieux les coordonner entre elles et à leur conférer une sorte de caractère rationnel.
Le but est d’interférer sur des sujets politiques ou judiciaires à travers des lambeaux de faits toujours mêlés de mensonges et d’informations invérifiées. Les auteurs de cette opération utilisent des faux comptes et se faisaient passer pour des Iraniens. Ils postaient des contenus sur l’affaire Soulaiman Raissouni, poursuivi pour «viol avec violence et séquestration» et des propos hostiles à l’instruction de l’affaire et à l’indépendance de la justice marocaine. Plusieurs comptes détectés se démarquent par leurs efforts coordonnés visant à amplifier des positions critiques du Maroc.
La plupart de ces comptes factices avaient réussi à récolter plusieurs centaines d’abonnés en quelques jours, et utilisaient des photos de personnalités respectées en Iran comme le général Qassem Soleimani, ancien commandant de la force Al-Qods du corps des Gardiens de la révolution islamique assassiné le 3 janvier 2020 à Bagdad ou encore Hassan Nasrallah, secrétaire général de l’organisation chiite Hezbollah. Selon nos informations, ces comptes exploitent de vrais noms, images de profils et autres informations personnelles de véritables utilisateurs du réseau social de manière frauduleuse.
Twitter pourrait suspendre ces profils parce qu’ils trompent les utilisateurs sur leurs intentions et leur identité, et manipulent ainsi le débat sur une affaire devant la justice. L’entreprise interdit d’utiliser sa plate-forme «pour amplifier artificiellement ou supprimer des informations, ou adopter un comportement qui manipule ou perturbe les expériences des personnes sur Twitter», indique une règle publiée en septembre 2020.
Les acteurs derrière cette campagne utilisent souvent des thèmes liés à l’actualité, qui attirent l’opinion publique, comme la pandémie ou les évolutions diplomatiques et politiques, pour attirer rapidement le plus possible de personnes. Ils insinuent que Soulaiman Raissouni «était la victime d’un complot» en raison de ses opinions.
Le procès de Soulaiman Raissouni a débuté en février, avec depuis des renvois systématiques d’audience. La semaine dernière, le parquet a considéré que ces reports étaient liés à la stratégie de défense de l’accusé, avec des reports «à sa demande pour des motifs différents, soit pour préparer sa défense, soit pour des raisons de santé».