La région du Benishangul-Gumuz, où plusieurs massacres ont déjà eu lieu ces derniers mois, a été visée par une nouvelle attaque qui a fait au moins 80 morts, mardi.
Au moins quatre-vingts personnes ont été tuées mardi en Ethiopie, lors d’une nouvelle attaque dans l’ouest du pays, dans une région où plusieurs massacres ont déjà eu lieu ces derniers mois, a annoncé, mercredi 13 janvier, la Commission éthiopienne des droits de l’homme (EHRC).
«Nous avons reçu des informations prouvant que plus de quatre-vingts civils ont été tués le 12 janvier près de Daletti», dans la région du Benishangul-Gumuz, a expliqué un porte-parole de cet organisme indépendant rattaché au gouvernement, Aaron Maasho. L’attaque a eu lieu entre 5 heures et 7 heures du matin, selon M. Aaron. Les victimes étaient âgées de 2 à 45 ans. L’EHRC «essaie d’obtenir de plus amples informations sur les assaillants» et sur la manière dont les victimes ont été tuées, a ajouté le porte-parole.
Le village de Daletti est situé dans la zone de Metekel, où des centaines de personnes ont péri lors d’attaques armées ces derniers mois. En décembre, l’une de ces attaques avait fait 207 morts. Le premier ministre, Abiy Ahmed, peine à faire respecter l’ordre à Metekel et à expliquer les motivations derrière ces violences, malgré sa visite dans la région en décembre et l’installation sur place d’un poste de commandement fédéral. Plusieurs leaders d’opposition locaux ont assuré que ces attaques étaient menées par des membres de l’ethnie gumuz et motivées par des facteurs ethniques. Selon eux, les milices gumuz ciblent notamment les membres de la communauté amhara, deuxième groupe ethno-linguistique du pays après les Oromo.
«J’ai peur que ça recommence»
Il n’existe aucun lien connu entre ces violences et le conflit actuellement en cours au Tigré, région septentrionale de l’Ethiopie où les troupes gouvernementales ont été envoyées en novembre pour déloger les autorités locales dissidentes. Un survivant de l’attaque de mardi, Ahmed Yimam, a expliqué à l’Agence France-Presse (AFP) avoir recensé quatre-vingt-deux cadavres et vingt-deux personnes blessées. «L’attaque a été menée principalement avec des couteaux, des armes à feu ont aussi été utilisées», a-t-il raconté. «J’ai peur que ça recommence, car les assaillants ne sont pas sanctionnés et les autorités locales et régionales n’agissent pas.»
Lundi, la radio-télévision Fana BC, affiliée au pouvoir, assurait qu’une «paix relative [avait] été restaurée à Metekel» grâce aux mesures prises par le gouvernement fédéral. Mais l’EHRC appelle les autorités à en faire plus. «Ces civils n’ont presque pas connu de répit entre toutes ces sinistres attaques des derniers mois. Une nouvelle fois, nous appelons les autorités fédérales et régionales à renforcer leur coordination pour répondre à ces incidents et empêcher d’autres morts dans le Benishangul-Gumuz», a déclaré M. Aaron. L’Ethiopie est une mosaïque de très nombreux peuples, réunis au sein d’un «fédéralisme ethnique».
Après presque trente ans d’un pouvoir de fer en Ethiopie, la politique d’ouverture lancée depuis son arrivée au pouvoir en 2018 par M. Abiy a réveillé des ambitions territoriales locales et d’anciens différends communautaires, débouchant sur des violences meurtrières.