Tenu à l’écart des fonctions de décision au sein du PJD, Abdelilah Benkirane cherche, à travers le quarteron qui est encore fidèle, à répandre l’idée selon laquelle le PJD est divisé. Dangereuse tentative d’enfumer l’opinion publique destinée à déblayer les pistes pour 2021.
Les choix politiques de la majorité gouvernementale sont critiqués par une opposition passive au sein du PJD guidée par le chef du gouvernement déchu, Abdelilah Benkirane. Selon le politologue Rachid Lazrak, les tiraillements entre le courant du chef du gouvernement El Othmani et celui de son prédécesseur, Abdellilah Benkirane, ne sont que «factices», destinés gérer les rapports de pouvoir au sein du groupe islamiste.
D’après Lazrak, la fonction d’opposition tenue par Benkirane à travers son fidèle lieutenant, l’ancien ministre délégué auprès du ministère de l’Economie et des Finances chargé du Budget, Driss El Azami El Idrissi, est destinée à perpétuer la pérennité de l’appareil partisan «guidé par ses propres intérêts.» Collusion donc, entre les représentants dûment mandatés du PJD et son noyau dur ? La formation islamiste n’agit qu’au gré des fluctuations électorales ou des alliances politiques à un parti ou à un autre, pour tenter de gagner les faveurs du corps électoral.
M. Lazrak ajoute que les agissements de l’adversaire principal du titulaire de la fonction exécutive sape le fondement des structures et des processus démocratiques et met en péril l’action politique des pouvoirs publics en faveur des citoyens. Le courant prétendument opposé à la ligne du gouvernement au sein du PJD reste cantonné dans le for intérieur d’une voix largement conciliante avec les décisions de l’exécutif.
Les déclarations du responsable du PJD Abdessamad Elkebir sur un prétendu clivage au sein de la formation islamiste ne sont pas pas jugées conformes à la réalité, au moment où d’importantes échéances électorales sont prévus en 2021. «Ce qui est en jeu, c’est le rapprochement d’un certain nombre de ces courants pour fonder une vision commune». Le label managérial au cœur des stratégies des élus PJD repose sur le background du Mouvement unicité et réforme [MUR – al-tawhîd wa al-islâh] dans un contexte où la Confrérie mondiale a failli étendre ses tentacules partout en encadrant tous les aspects de la vie dans les paramètres moraux de la charî‘a.
Les «institutions de base» au sein du PJD véhiculent l’idée d’une scission au sein du parti pour faire oublier qu’il est assailli par les revendications locales, critiqué pour ses prétendues réformes qui laissent peu de place à l’originalité, et pour la mauvaise gestion des finances publiques nationales et des déficits excessifs. Symbole d’un sentiment d’impuissance, voire de résignation.