Dans un texte laborieux, la direction du Polisario a cru devoir adresser au secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (ONU) un message présenté comme une offre de «bonne volonté» et une «réponse aux résolutions du Conseil de sécurité». Sous des apparences diplomatiques, ce communiqué dévoile surtout la contradiction d’un mouvement en perte de vitesse qui réclame un État avant même d’avoir obtenu la moindre légitimité populaire, tout en effaçant toute référence à l’Algérie, son soutien et tuteur politique (qui lui dicte dans tous les cas ses injonctions).
Le dernier texte (issu d’un encrier algérien contraint), diffusé par le Polisario est un pur exercice d’autosuggestion. Isolé, déclinant, affaibli, sans territoire ni population administrée, le front s’adresse au secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (ONU) pour présenter ce qu’il décrit comme «un texte de bonne volonté et de réponse aux résolutions du Conseil de sécurité». Une rhétorique saturée de grands mots où l’affirmation remplace la preuve et où l’absence de l’Algérie, son parrain indéfectible, confine à la dénégation politique.
Le texte s’ouvre sur l’assurance que le Polisario aurait «transmis au secrétaire général des Nations unies une proposition réaffirmant sa disposition à travailler pour un règlement politique juste et durable garantissant l’autodétermination du peuple sahraoui», une formule purement algérienne qui prétend à une souveraineté dépourvue de toute assise électorale, juridique ou territoriale. En invoquant la «bonne foi», le Polisario se donne l’allure d’un sujet politique responsable alors qu’il demeure, en réalité, un acteur hors du droit, sans capacité reconnue par la communauté internationale.
Cette prétendue «réponse aux résolutions du Conseil de sécurité» repose sur une lecture partiale du texte 2756 (2024), détourné pour accréditer la fiction d’un «peuple sahraoui» détenteur d’une souveraineté préalable à toute consultation. Ce renversement logique, qui place la revendication avant la légitimité, traduit la nature profonde du discours séparatiste : il ne décrit pas une situation, il l’invente.
Le Polisario s’autorise ensuite à prétendre que «le message transmis au secrétaire général constitue une contribution à la recherche d’un règlement pacifique et mutuellement acceptable». Or cette formule, répétée depuis près de vingt ans dans les rapports du Conseil de sécurité, renvoie non pas à un projet d’indépendance mais, depuis quelques années, à la proposition marocaine d’autonomie, seule considérée comme sérieuse, crédible et conforme à la logique onusienne. Le mouvement séparatiste détourne la terminologie même du droit international pour lui faire dire l’inverse de ce qu’elle signifie.
Une fiction d’État construite sur le déni de tutelle
Le texte poursuit en affirmant que «la République sahraouie œuvre pour la paix, la stabilité et la coopération régionales, dans le respect des principes de la charte des Nations unies et de l’Union africaine». Cette invocation de chartes et de principes œuvre à donner à une entité inexistante la substance symbolique d’un État. Le vocabulaire est celui des chancelleries mais le fond relève de l’illusion : l’issue du référendum est-elle déjà pliée, si l’on suit la logique du Polisario ?
Dans un passage particulièrement révélateur, le communiqué affirme que «le mouvement demeure ouvert au dialogue et à la coopération dans un esprit de respect mutuel», tout en écartant explicitement la proposition d’autonomie marocaine. Cette contradiction traduit la stratégie immuable du front : se dire «ouvert» tout en fermant la seule porte que la communauté internationale juge praticable. Le Polisario prétend négocier la paix mais à condition que l’issue soit déjà écrite. Le document va plus loin encore en proclamant que «le peuple sahraoui continuera de lutter jusqu’à l’établissement d’un État indépendant et démocratique», une utopie de la dictature militaire d’Alger.
Mais la plus flagrante des absences demeure celle de l’Algérie. Pas une fois le document ne mentionne la puissance tutélaire qui finance, arme et abrite le mouvement. Cette omission n’est pas fortuite : elle traduit la gêne d’une dépendance qu’il faut dissimuler pour entretenir le mythe de la souveraineté. Paradoxalement, en taisant son origine, le Polisario confesse son assujettissement. Le texte se clôt sur une envolée incantatoire, promettant «un engagement indéfectible en faveur d’un règlement juste, durable et conforme aux résolutions des Nations unies». Mais ces mots, usés par quarante ans de répétition, n’ont plus d’autre fonction que de maintenir vivante une fantasmagorie politique.