L’architecture gouvernementale est refaite. De nombreux départements ont été regroupés en pôles, dans l’objectif de de hiérarchiser les priorités gouvernementales, d’appuyer l’obligation de fournir des résultats pertinents, et la reddition de comptes. Quels sont les nouveaux ministères de l’Exécutif marocain ?
Le gouvernement a été réduit, mais l’efficacité qu’il est attendu d’assurer, elle, n’a pas régressé d’un point. Si plusieurs départements ont été regroupés au sein d’un même ministère, c’est pour permettre une gestion plus fluide et dynamique des questions qui y sont inhérentes, mais aussi pour permettre à l’action gouvernementale d’être plus cohérente.
Le ministère de l’Economie et des Finances est désormais également responsable de la Fonction Publique et de la Modernisation de l’Administration, ainsi Mohamed Benchaabouns sera chargé de mener à la fois la réforme de la fonction publique et de ses établissements, mais le déploiement efficace de la loi des finances 2020 et l’accélération des chantiers de la modernisation de l’administration, qui sont des domaines sécants les uns avec les autres.
Les Droits de l’Homme et les relations avec le Parlement relèvent désormais du même ministère, afin d’éviter les interférences de leurs prérogatives et d’optimiser la coopération entre les deux domaines.
Le ministère de l’industrie s’est associé à une nouvelle appellation, c’est désormais le Ministère de l’Industrie, du commerce et de l’économie verte et numérique. Le mot « investissement » a quitté l’appellation, puisqu’il a été attribué à d’autres instances et institutions, à l’instar de l’AMDIE (Agence Marocaine de Développement des Investissements et des Exportations), des Centres Régionaux d’Investissement (CRI) ainsi que de la Commission interministérielle des investissements , tandis que « économie verte » s’y est jointe, ce qui démontre l’importance attachée au développement durable dans le secteur de l’Industrie,
Le ministère des Affaires étrangères doit dorénavant s’occuper de la Coopération africaine et aux Marocains résidents à l’étranger (MRE). Il comporte deux ministres délégués en plus du ministre, chacun chargé d’un département. Le ministère de la Jeunesse et des Sports accueille désormais parmi ses prérogatives la Culture également, vu que ces trois domaines ont une cible relativement similaire.
Trois ministères ont également été dissous, à savoir le ministère délégué aux Affaires générales et à la Gouvernance, le ministère de la Communication et celui des Relations avec la Société civile. Certaines prérogatives de ces ministères étaient en effet floues, et se confondaient avec celles d’autres organes. Leur suppression a permis une répartition plus claire de leur attributions entre d’autres ministères, par souci de lisibilité.
Pour Rachid Lazrek, expert en droit constitutionnel et spécialiste des affaires parlementaires et partisanes, « les nouveaux ministères auront plus d’efficacité, puisqu’il y avait plusieurs départements complémentaires qui étaient dispersés entre les ministères, surtout en ce qui concerne les secteurs sociaux ».
En tout, 8 ministères ont fusionné et 3 ont disparu, ce qui permettra d’optimiser les performances de l’État. Ce modèle de regroupement fonctionne ailleurs. Prenons pour exemple le modèle français, dans le cadre des restructurations administratives engagées après l’élection présidentielle de 2007. Ainsi, le ministère de l’Environnement fusionne avec les secteurs concurrents de l’Équipement et de l’Industrie pour former un grand ministère du Développement durable. Suivront les directions régionales des trois ministères qui formeront les directions régionales de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DREAL).
Joindre certains départements à d’autres avec lesquels ils ont plus de points communs assure une efficacité sans faille. Pour M. Lazrek, « ce regroupement des ministères répond parfaitement aux demandes du discours royal de la Fête du Trône, où le Roi a demandé de l’efficacité et de la compétence ».
Mais pour cet expert, le regroupement des ministères n’est pas un enjeu majeur, puisque la structure bureaucratique reste la même. La vraie question est : à quel point ces ministères pourront prouver leur efficacité à l’échéance 2021?