Prédicateurs radicaux ou anciens terroristes, ils annoncent avoir fait, depuis la prison, leur mea culpa idéologique. Ce n’est pas toujours le cas. Pour tenter de comprendre le phénomène, «45 minutes», émission d’investigation de la RTM, a proposé quatre reportages sur l’extrémisme salafiste ponctués d’intermèdes chiffrés éloquents.
Dans un documentaire diffusé le 30 juin sur la première chaîne RTM, l’attention a été consacrée aux faux repentirs de certains extrêmistes d’origine marocaine. Cette dimension constitue un angle mort des recherches menées sur la violence politique et sociale, alors qu’elle se pose depuis des années avec acuité. Épargné par les violences liées aux groupes djihadistes, le Maroc avait auparavant été meurtri par des attaques à Casablanca (33 morts en 2003) et à Marrakech (17 morts en 2011). «Aujourd’hui, beaucoup d’anciens détenus salafistes ont une approche modérée dans la pratique de sa religion et défendent défend l’idée de la non-contestation de l’autorité politique», a dit Khalid Lemdilki, coordinateur au centre d’accompagnement et de réinsertion de Casablanca.
Si les enjeux du dispositif de médiation idéologique en contexte carcéral pour certains intégristes extrémistes a donné des résultats, force est de reconnaître que certains individus oscillant entre lu salafisme prédicatif (salafiyya al-da’wa) et le salafisme révolutionnaire (al-salafiyya al-jihâdiyya) reprennent leurs activités destructrices après une fausse mea-culpa. «Malgré l’essoufflement du récit islamiste, tant en termes de capacité de mobilisation que de propension à s’emparer de l’interprétation du religieux et à occuper sans partage l’espace du récit collectif, certains intégrostes profitent de leur dernière aubaine; une adhésion morale à leur agenda et des intelligences avec des renseignements étrangers» a déclaré le chercheur Ihssane Hafidi.
L’exemple du terroriste Mohamed Hajib est frappant. Le Maroc avait accusé en mars 2021 les autorités allemandes de «complicité à l’égard d’un ex-condamné pour des actes terroristes, notamment en lui divulguant des renseignements sensibles communiqués par les services de sécurité marocains». Il s’agit de ce Germano-Marocain condamné en 2010 au Maroc à 10 ans de réclusion pour «terrorisme», une sentence ramenée à cinq ans début 2012. De retour en Allemagne, cet intégriste a publié régulièrement des contenus à caractère radical et nihiliste sur les réseaux sociaux.
Mohamed Hajib, issu du mouvement Tabligh, ne faisait pas de la prédication religieuse son activité cardinale, mais il s’investissait également dans le prosélytisme violent. Ses dernières vidéos sur YouTube ont pris une dimension martiale et ascétique qui exigeait un esprit de sacrifice pour la cause des groupes islamistes. Certains terroristes ou ex-terroristes sont impliqués dans les différentes formes de pression ou de chantage qu’un service secret étranger peut exercer pour obtenir des renseignements et pour étoffer ses autres moyens d’influence (argent, solidarités douteuses, etc.). L’acquisition (illégale et par des moyens clandestins) de données confidentielles ou d’informations non-dévoilées se fait parfois en enrôlant des éléments extrémistes.
Le Maroc a fait échouer 4 304 crimes terroristes au cours des 20 dernières années. 881 personnes condamnées pour terrorisme sont toujours en prison. En 2019, 79 personnes ont été arrêtées dans le royaume pour des affaires de «terrorisme», selon un bilan officiel. Les autorités marocaines ont annoncé ces dernières semaines le démantèlement d’une série de cellules terroristes. Ses membres sont liés au groupe extrémiste Etat islamique (EI) et planifiaient des attentats dans le pays.






