La directrice générale du Fonds monétaire international (FMI) Kristalina Georgieva, a réitéré l’importance de l’accès équitable au vaccin partout dans le monde pour garantir une reprise durable de l’économie, tout en affirmant que la croissance pour 2021 devrait être encore plus forte que les prévisions de 5,5% initialement annoncées en janvier dernier.
«Le sort du monde au lendemain de la crise dépendra directement des décisions que nous prendrons aujourd’hui. Il nous faut donc prendre les bonnes décisions. Cela implique, avant tout, une injection d’équité pour tous : un vaccin partout dans le monde, afin de mettre un terme à la pandémie une bonne fois pour toute, et une chance d’accéder à un avenir meilleur pour les populations et les pays vulnérables, afin de jeter les bases d’une reprise inclusive et durable», a-t-elle plaidé mardi lors d’une intervention mettant l’accent sur les priorités des prochaines réunions printanières du FMI et de la Banque Mondiale qui se tiendront virtuellement la semaine prochaine.
Evoquant les perspectives de l’économie mondiale, elle a rappelé que si en janvier, les prévisions de la croissance mondiale étaient de 5,5 % en 2021, désormais une croissance encore plus forte est attendue, d’une part en raison des mesures supplémentaires de soutien à l’économie décidées depuis (notamment aux États-Unis) et d’autre part parce que les vaccins devraient stimuler la reprise économique.
Dans son intervention devant le centre de réflexion Center for Foreign Relations, elle a tenu à prévenir qu’il s’agit «d’une reprise à vitesse variable, qui a de plus en plus tendance à être tirée par deux locomotives : les États-Unis et la Chine», ajoutant que ces pays «sont l’exception, pas la règle».
«D’ici l’année prochaine, le recul cumulé du revenu par habitant par rapport aux prévisions d’avant-crise sera de 11 % dans les pays avancés. Dans les pays émergents et les pays en développement, Chine exceptée, le manque à gagner sera bien plus important, à hauteur de 20 %. Cela revient à amputer du cinquième un revenu par habitant déjà bien plus modeste que dans les pays riches», a indiqué la cheffe du FMI.
«Cette réalité est clairement visible. Mais d’autres évolutions sont moins clairement perceptibles. Ce niveau extrêmement élevé d’incertitude est de fait l’un des plus grands dangers du moment», a-t-elle enchaîné, ajoutant que la suite des événements dépendra largement de la trajectoire que suivra la pandémie ; pour l’heure, le rythme variable des campagnes de vaccination et la circulation de nouvelles souches du virus entravent les perspectives de croissance, en particulier en Europe et en Amérique latine.
Dans certains pays émergents, moins bien dotés en vaccins, et dont la marge de manœuvre budgétaire s’est encore rétrécie, le risque de surendettement se pose aggravé par des conditions de financement incertaines.
«Les choses sont parfaitement claires : il n’y aura pas de reprise durable sans injection d’équité», a-t-elle insisté énumérant les étapes à franchir: mettre tout en œuvre pour sortir de la crise actuelle, garantir les conditions du redressement économique et investir dans l’avenir.
Evoquant l’effort du FMI face à la crise, elle a rappelé que l’institution avait fourni plus de 107 milliards de dollars de nouveaux financements à 85 pays, et allégé la dette de 29 de ses pays membres les plus pauvres.
Elle a enfin relevé que les pays membres du FMI «sont de plus en plus nombreux à se rallier à l’idée d’une possible allocation de DTS à hauteur de 650 milliards de dollars», notamment aux Etats membres les plus vulnérables, qui permettrait de débloquer, entre autres, des moyens supplémentaires pour financer les campagnes de vaccinations.