Alors que la coopération sécuritaire entre la France et l’Algérie demeure suspendue depuis l’été de 2024, Nicolas Lerner, chef de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), s’est rendu à Alger malgré un climat marqué par de graves tensions et des accusations mutuelles d’espionnage.
Selon des sources fiables relayées par Le Figaro, ce déplacement confidentiel n’a fait l’objet d’aucune communication officielle, ni de part et d’autre. Cependant, des indices sur les réseaux sociaux ont trahi ce voyage tacite : un internaute scrutant les itinéraires aériens a signalé qu’un Falcon 2000EX, opéré par le Groupe de transport présidentiel français, avait quitté la base aérienne de Villacoublay lundi 13 janvier à 6 h 48, avant d’atterrir à Alger. L’avion a ensuite redécollé à 11h54, témoignant d’une mission brève au moment où l’Algérie voit son statut au Sahel secoué par les polémiques.
Pour rappel, le ministère des affaires étrangères algérien avait convoqué l’ambassadeur de France à Alger pour adresser «une sévère mise en garde» à Paris, accusé d’avoir mené «des opérations et manœuvres agressives» pour «déstabiliser» le pays. Stéphane Romatet, s’est vu «signifier la ferme réprobation des plus hautes autorités algériennes face aux nombreuses provocations et actes hostiles français en direction de l’Algérie», a écrit le quotidien prorégime El Moudjahid. L’agence de renseignement aurait, selon ce journal, mené un certain nombre d’«opérations et de manœuvres agressives ciblant des institutions de la République algérienne dans le but évident de les déstabiliser et de nuire gravement à notre pays.»
La convocation de M. Romatet est intervenue «au lendemain de graves révélations sur l’implication (de la) DGSE, dans une campagne de recrutement d’anciens terroristes en Algérie à des fins de déstabilisation» du pays, selon El Moudjahid. La télévision nationale et la chaîne publique d’information en continu AL24 News ont récemment diffusé un documentaire qui affirmait qu’un «plan machiavélique» avait été «brillamment déjoué par les services de sécurité algériens», ce que Paris à démenti.
L’ambassadeur français s’est aussi vu reprocher des «faits tout aussi graves, des dérapages qui ne relèvent plus seulement de l’acte inamical, mais bien d’une volonté notoire de nuire grandement à l’Algérie», argue Le Soir d’Algérie. Il s’agit de «rencontres organisées dans les murs de plusieurs représentations battant pavillon français en Algérie et reconnues comme telles, réunissant, autour de diplomates français de rangs divers, principalement des agents consulaires relevant de la DGSE, des personnes connues pour leur hostilité déclarée et permanente envers les institutions algériennes», selon cette source.