A l’approche des échéances 2021, les partis se préparent, à ce stade de manière interne à affronter les élections. Nous avons fait le tour des partis politiques, et aujourd’hui, au tour de l’USFP. Dans ce sens, nous nous sommes entretenus avec Driss Lachgar, secrétaire général de l’USFP, autour de la stratégie du parti en termes d’alliances et de refonte interne du parti.
Rassembler la grande famille ittihadie, unir le front socialiste, créer la surprise lors des élections : voici les trois mots d’ordre de l’USFP actuellement, alors que le parti commence à se préparer aux échéances 2021. En termes de réconciliation, il est facile de noter que « le processus de réconciliation » lancé par le secrétaire général du parti était un flop. Preuve en est, la commémoration du 60ème anniversaire de la création de l’Union socialiste des forces populaires (USFP), organisée le 29 octobre 2019, au Théâtre Mohammed V à Rabat, et à laquelle une dizaine de hauts dirigeants et de personnalités éminentes n’ont pas assisté. Divisé tant sur les hommes que sur les idées, le parti a perdu énormément de ses ténors depuis 2016, dont Fathallah Oualalou, Ouafa Hajji, Aicha Belarbi, Mohamed El Yazghi, Ahmed Reda Chami et même Abdelkrim Benatiq. Ce dernier semble avoir pris distances avec le parti depuis le dernier remaniement ministériel. Certains démissionnent, d’autres rejoignent l’opposition du secrétaire général.
Pourtant, Lachgar nous affirme que « l’initiative de réconciliation a connu une forte réactivité de la part des membres du parti, tant au niveau national que régional et local où les militants et militantes de différentes générations ont été inclus dans ce processus », ajoutant que « cet appel à la réconciliation a réellement contribué à insuffler une nouvelle dynamique au parti ». Cette dynamique peine pourtant à se faire remarquer.
Plusieurs membres du parti, insatisfaits de la dynamique actuelle de l’USFP, estiment que la déperdition des valeurs Usfpéistes sont du ressort de l’actuel secrétaire général. Le parti demeure miné par des querelles des hommes tant que les querelles des idées. Cela nous amène à une autre pomme de discorde qui risque de resurgir aux échéances de 2021 : les alliances.
Pour comprendre la source du problème, il faut prendre en considération le fait que que l’USFP continue d’être tiraillé par deux courants d’idées, d’une part les partisans d’une « démocratie socio-libérale » à l’instar de Lachgar & cie., d’une autre, les cadors du parti, partisans d’une gauche pure et dure à l’image de l’époque de Bouabid, Blal, ou encore Youssoufi. Remontons donc en 2016, lorsque Lachgar a décidé que l’USFP allait s’allier au PAM, et a essuyé une vague de démissions sans précédent tant de la part des grands hommes du parti que des jeunes parlementaires. Les démissionnaires craignaient de voir l’USFP perdre des sièges aux législatives à cause de cette alliance, et ont très mal pris le fait de ne pas avoir été inclus dans la décision d’alliance. Leur crainte s’est avérée bien placée puisque l’USFP n’a fini qu’avec 20 sièges aux législatives.
En janvier, Abdellatif Ouahbi, candidat au secrétariat général du PAM, évoquait une éventuelle alliance avec l’USFP en 2021. A propos de cette question, Lachgar semble fuir par une réponse simpliste, « il y a une grande différence entre former une coalition avec un parti et s’allier avec lui. répond-t-il, « l’USFP, dans ses relations politiques avec les partis, donne la priorité aux idées politiques autour des questions primordiales du pays, comme principal déterminant de toute action politique avec ce parti ». Mais voyons !
Aujourd’hui, l’USFP semble garder le spectre de cet incident en tête. Questionné sur les possibilités d’alliance, le secrétaire général de l’USFP reste très évasif. Pour « clarifier les choses », selon ses mots, « l’USFP ne cherche pas à établir une alliance politique à dimension stratégique, mais plutôt à une coalition gouvernementale sur la base de programmes clairs et d’engagements communs à atteindre ». La réponse est classique, et n’informe pas autant que cela. Aujourd’hui que le PJD a répandu un chaos politique, l’espoir de la Koutla est en train de renaître dans l’échiquier politique. Exposé à la question le secrétaire général répond que « l’USFP a toujours appelé à l’unité de la Gauche et au rassemblement des forces politiques progressistes, dans le but de créer un front moderniste capable de consolider la démocratie et instaurer la justice sociale. L’USFP, bien entendu, reste fidèle à l’histoire et à l’action commune de la Koutla ».
En une telle absence de vision et d’unité, l’USFP est-il réellement capable d’affronter les échéances 2021 ? Là réside la réelle question. Le parti a beau se rassurer aux mots devant les médias, une simple synthèse des derniers événements du parti suffisent à recenser les scissions maquillées en langue de bois. Aujourd’hui, les voix des Usfpéistes s’unissent pour appeler à une « refondation » du parti et dont le seul espoir qui se révèle jusqu’à présent , est le départ de Driss Lachgar, qui n’a plus le droit de se représenter à la tête de son parti pour un nouveau mandat.