Des propos inhabituels dans la bouche d’un responsable français qui portent atteinte aux relations entre Paris et Libreville. Samedi dernier, en direct sur France2, le premier ministre français n’a visiblement pas su contrôler ses propos et Ali Bongo n’a pas hésité a rappeler l’ambassadeur du Gabon à Paris. Manuel Valls a sous-entendu, dans l’émission de variété On n’est pas couché, que le président gabonais n’avait pas été élu démocratiquement en 2009.
Retour sur les faits. Un humoriste présent sur le plateau, Jeremy Ferrari, reprochait au chef du gouvernement français la présence de Ali Bongo au premier rang du cortège des personnalités invitées à défiler à Paris le 11 janvier dernier, suite aux attentats qui avaient notamment visé les locaux de Charlie Hebdo. Il s’indignait de la présence d’un « dictateur dans une marche pour la liberté d’expression ».
Voilà qui a provoqué un échange en direct qui fera date dans les relations entre les deux pays. Extrait. Manuel Valls : « Dans cette manifestation (…) vous retenez Ali Bongo, moi, je retiens surtout un autre Africain, élu lui : Ibrahim Boubacar Keïta ». L’humoriste le coupe et dit : « Ah, parce qu’il n’est pas élu Ali Bongo finalement ? ». Réponse du premier ministre : « Non, pas comme on l’entend ».
A Libreville, on pouvait lire dans la presse ce matin que cette « malheureuse déclaration » a « porté un coup de froid aux relations entre les deux pays ». En France, si plusieurs médias ont jugé que Valls avait « parlé trop vite », le site de Radio France Internationale précise que « depuis l’arrivée des socialistes au pouvoir en France, les relations avec le Gabon sont compliquées ».
Les grands bénéficiaires de ce coup de froid sont les opposants gabonais. Invité à réagir aujourd’hui sur RFI, Richard Moulomba Moumbo, président d’un parti de l’opposition, a déclaré que Manuel Valls « confirme ce que nous savions déjà ». Pour lui, « Ali Bongo doit tirer les conclusions de son imposture ».
Une crise qui intervient en pleins préparatifs de la visite du premier ministre français à Libreville, prévue pour le mois prochain. Les présidentielles gabonaises, elles, auront lieu dans huit mois.
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