Le véhicule électrique pourrait détrôner le moteur à explosion au Maroc en raison notamment du coût du pétrole et les émissions de CO2, à limiter. Au-delà des aspects purement techniques, le royaume veut renouveler les usages, diversifier son économie en attirant plus d’investissements directs à l’étranger (IDE) et améliorer la compétitivité externe de son industrie automobile.
Le quotidien généraliste britannique The Independent a consacré une longue enquête à l’industrie automobile au Maroc un pays où ce secteur est passé «de pratiquement rien» à «au plus grand d’Afrique en moins de deux décennies». «Le royaume nord-africain fournit plus de voitures à l’Europe que la Chine, l’Inde ou le Japon, et a la capacité de produire 700 000 véhicules par an», s’est-t-on félicité.
Pour le journal, «plus de 250 entreprises qui fabriquent des voitures ou leurs composants opèrent actuellement au Maroc, où l’industrie automobile représente désormais 22 % du produit intérieur brut et reçoit 14 milliards de dollars d’exportations.» Le Maroc, selon les autorités, «s’est distingué des autres destinations qui accueillent des usines d’entreprises étrangères en développant ses ports, ses zones franches et ses routes. Le gouvernement a offert des subventions allant jusqu’à 35 % aux entreprises souhaitant implanter des usines dans l’arrière-pays rural autour de Tanger.»
«Des usines chinoises, japonaises, américaines et coréennes produisent des sièges, des moteurs, des amortisseurs et des roues dans la cité automobile de Tanger, un vaste ensemble de propriétés dans lesquelles sont installés divers équipementiers automobiles (…) Consacrer d’énormes ressources au développement et au maintien d’un secteur automobile susceptible d’employer une main-d’œuvre jeune et croissante faisait partie d’un plan d’industrialisation de 2014», a-t-on souligné.
Néanmoins, le marché intérieur des voitures neuves au Maroc est restreint. «Moins de 162 000 véhicules y ont été vendus en 2023, ce qui n’empêche pas Abdelmonim Amachraa, un expert marocain de la chaîne d’approvisionnement, de déclarer «que les dépenses consacrées aux infrastructures et à la formation de travailleurs spécialisés placent l’industrie dans une bonne position pour attirer les investissements des constructeurs automobiles cherchant à développer leurs chaînes d’approvisionnement pour les véhicules électriques.» Par ailleurs, à l’échelle locale, le Maroc a recouru aux programmes de prime à la casse, dispositif par lequel l’État subventionne l’achat d’un véhicule neuf en remplacement d’une voiture vétuste peu économe en énergie.
«Les autorités marocaines désirent attirer des entreprises industrielles de Chine, d’Europe et des États-Unis alors qu’elles s’efforcent de produire à grande échelle des véhicules électriques abordables. Le chinois BYD – le plus grand constructeur mondial de véhicules électriques – a annoncé à au moins deux reprises son intention de construire des usines dans le pays», note The Independant qui ajoute, citant un expert, que «le gouvernement a financé des partenariats public-privé comme une académie gérée par Renault pour former des techniciens et des managers. Par rapport à des marchés comparables, l’environnement politique du Maroc et sa proximité avec l’Europe en font un investissement sûr.»