Les Sahraouis de Tindouf se raccrochent désespérément à un rôle plus actif des ONG humanitaires dont ils n’attendent plus grand chose et feignent d’attendre un ultime recours auprès de ceux qui, au sein des organisations internationales, pourraient les soutenir. Ils dénoncent leur marginalité socio-économique et une nébuleuse séparatiste sans morale, uniquement soucieuse de s’enrichir.
Le problème des réfugiés de Tindouf se pose aujourd’hui avec acuité. Dans une vidéo que nous publions, un jeune Sahraoui pointe du doigt «les circonstances catastrophes» des camps de Tindouf, où la population est installée dans des logements de fortune (habitations en ruine, immeubles désaffectés, abris précaires malpropres et insalubres), dans l’indifférence totale des organisations humanitaires internationales. «L’acheminement de l’aide et des services sur la base à la communauté nationale est difficile en raison des manigances des milices du Polisario» note la même source, qui pointe «des conditions de vie très précaires», notant que «les camps de Tindouf sont des espaces d’exception et d’exclusion. La prédation systématique qui y est exercée semble impliquer les chefs du Polisario, lesquels n’auraient jamais eu d’autre objectif que de s’enrichir».
Le jeune Sahraoui pointe «le fort mécontentement d’une population à bout, laissée à l’abandon par un pouvoir indifférent, qui accorde des avantages de tous ordres à ses soutiens de la première heure, dont la réputation de corruption est établie de longue date» et le Polisario «qui a mis en place un système d’approvisionnement en vivres privilégiant des places-relais spécifiques». «Nous étouffons sans une chaleur infernale. L’installation d’infrastructures comme les réseaux d’électricité, d’eau courante, et d’évacuation des eaux usagées n’a jamais existé. On a l’impression d’habiter un espace temporaire d’urgence, tandis que Brahim Ghali et ses lieutenants jouissent d’un véritable lieu de vie et s’octroient toutes les commodités».
L’Office anti-fraude de l’Union européenne (UE) a pointé dans un rapport retentissant un détournement bien organisé depuis des années de l’aide humanitaire accordée aux réfugiés sahraouis des camps de Tindouf en Algérie. Ce rapport se fonde sur les résultats d’une grande enquête menée depuis 2003. «Il porte de lourdes accusations et cite les noms des personnes soupçonnées d’être les organisateurs de ces détournements, qui commencent dans le port algérien d’Oran» où est opéré le tri entre «ce qui doit arriver et ce qui peut être détourné».
Malgré cela, le Parlement européen «a reconnu que l’exécutif bruxellois n’avait pas jugé nécessaire de suspendre son aide et avait continué à allouer annuellement 10 millions d’euros pour les réfugiés des camps de Tindouf, administrés par le Front Polisario» avait rapporté AFP, qui affirme que ce rapport a été «oublié» pendant sept ans.
«Une des raisons qui ont rendu ces détournements possibles est la surestimation du nombre des réfugiés et donc des aides fournies», souligne l’office anti-fraude dans son rapport. «Ni l’Algérie ni le Front Polisario n’ont accepté qu’un recensement des populations des camps soit organisé», pointe l’OLAF qui est toutefois intervenu pour ramener en 2005 l’estimation du nombre des réfugiés à 90 000. L’enquête a en outre dévoilé que «ce sont des prisonniers, de guerre ou civils, qui sont utilisés pour la manutention de l’aide et la construction de bâtiments financés par l’aide internationale».
Elle a également révélé que de la nourriture de bonne qualité destinée aux réfugiés, comme du blé canadien, «sont remplacés par leur équivalent de qualité moindre pour être revendus», et que «les produits d’un élevage de volailles financé par l’aide internationale sont vendus et non donnés aux réfugiés».