La visite d’amitié et de travail officielle qu’entreprendra le président français, François Hollande, au Maroc, les 19 et 20 septembre, devra marquer le retour au beau fixe des relations entre les deux pays, passées par des phases de turbulence pendant de longs mois.
Ces nouvelles retrouvailles au sommet entre les deux pays interviennent, donc, dans la foulée d’un travail de préparation intense et soutenu, de part et d’autre, surtout que La France a montré sa volonté de réparer les dommages causés à cette relation autrefois citée en exemple.
De fait, ces relations sont passées par des moments très difficiles confinant même à la rupture, lorsque la justice française avait diligenté, en février 2014, au nom de la compétence universelle, une enquête pour «tortures» contre M. Abdellatif Hammouchi, patron de la Direction de la surveillance du territoire (DST), sur plainte de ressortissants marocains qui avaient séjourné en prison au Maroc pour des affaires de droit commun.
Cette affaire, aggravée par l’envoi de policiers à la résidence de l’ambassade du Maroc à Paris pour interroger M. Hammouchi en visite en France et qu’on croyait présent dans les locaux diplomatiques, avait provoqué l’ire de Rabat. Le Maroc a contesté l’invocation de l’extraterritorialité de la justice française, à l’encontre de ressortissants marocains, alors que la convention de coopération judiciaire en vigueur entre les deux pays devait faire foi en la matière.
Pour signifier son profond mécontentement, le Maroc avait suspendu la coopération judiciaire avec Paris, d’autant que la France n’était pas à son premier coup de semonce pour mettre à l’épreuve sa relation avec Rabat.
L’on se rappelle, en effet, début 2014, les propos attribués à l’ambassadeur de France à l’ONU – par une source, il faut bien en convenir, pas très fiable- celle de l’acteur-militant pro-polisario ,Javier Bardem, qui, parlant de l’attitude de la France concernant le dossier du Sahara, a qualifié le Maroc de « maîtresse» incommode mais « qu’ont doit défendre ».
Nombre d’observateurs ont, toutefois, vu derrière l’exploitation de ces dérapages, la main de certains lobbies manipulés par le frère ennemi algérien, pour servir la cause de son éternel protégé «le polisario ».
Il aura fallu la riposte ferme des autorités marocaine au plus haut niveau et le tollé soulevé parmi les différentes sensibilités de l’échiquier politique marocain pour que la France réalise les couacs et les maladresses de sa politique envers le Maroc et revienne à de bons sentiments.
Les gestes pour favoriser une normalisation se sont ainsi succédé avec notamment la visite à Paris en janvier 2015 du ministre de la justice et des libertés Mostapha Ramid, qui a convenu avec la gardes des sceaux, Christiane Tobia, du rétablissement de la coopération judiciaire entre les deux pays . Il y a eu ensuite des échanges de visites, notamment celle du chef de gouvernement marocain, fin mai 2015 à Paris, en compagnie d’une forte délégation, au cours de laquelle une série d’accords de coopération ont été signés. Manuel Vall, premier ministre français s’est rendu ensuite au Maroc, le 9 avril dernier, pour sceller ces retrouvailles, en tenant à souligner que «la France est fière d’être l’amie du Maroc».
Entretemps, Paris a réparé sa bourde en promouvant, celui la même qu’on voulait interroger, Abdellatif Hammouchi au rang d’officier de la légion d’honneur.
Ces développements ont été salués par les deux parties comme étant un signal fort de la volonté des deux capitales à renouer leur coopération sécuritaire, surtout que nombre de voix se sont élevées en France, suite à l’attentat terroriste contre «Charlie Hebdo», pour regretter l’attitude provocatrice de la justice française, qui a aliéné à la France un précieux allié dans la lutte contre le terrorisme, de par l’expertise acquise par les services marocains dans ce domaine.
Maintenant que le terrain semble balisé pour renouer avec la «relation d’exception » entre le Maroc et la France, comme le président François Hollande s’est plu à la qualifier, lors de sa visite d’Etat au Maroc, en avril 2013, le prochain sommet maroco-français autorise tous les espoirs pour asseoir la coopération bilatérale sur les bases de confiance et d’amitié renouvelées, compte tenu des valeurs partagées et des défis communs, aux plans bilatéral, mais aussi régional et international.






