Lors l’émission «Points de vue» (Le Figaro-TV), l’ancien ambassadeur en Algérie, auteur de L’Énigme algérienne. Chroniques d’une ambassade à Alger (Éditions de l’Observatoire, 256 pages, 270 MAD), a levé le voile sur les accointances qui prévalent entre les responsables français et algériens, qui permettent à ces derniers de jouir d’un traitement de faveur très discutable.
Xavier Driencourt, ancien ambassadeur de France à Alger à deux reprises (2008-2012 et 2017-2020) a révélé auprès du Figaro-TV (Web-TV, Socpresse) qu’un accord de 2007 entre la France et l’Algérie «exempte de visa tout détenteur algérien ou français de passeport diplomatique», un traitement loin d’être incontestable : «Vous pouvez penser qu’en Algérie, les passeports diplomatiques sont diffusés très largement, ils ont des passeports à vie. Alors que du côté français, c’est quand même très limité. En quittant Alger par exemple, j’ai rendu mon passeport diplomatique au ministère des Affaires étrangères. Toute la nomenclature algérienne – diplomates, militaires, politiques et leurs familles – peut donc venir en France sans visa pour se faire soigner et faire leurs affaires financières», a-t-il assuré.
Un dossier sur lequel devra se pencher la diplomatie française : «Si on voulait envoyer un signal au système algérien, on pourrait commencer par dénoncer cet accord. C’est un simple échange de lettres, donc le ministre des Affaires étrangères nommé par monsieur Barnier peut le défaire sans même l’autorisation du président de la République», a-t-il ajouté toujours auprès du Figaro-TV, avant d’observer que «cet échange de lettres ne concerne vraiment que la cinquantaine de diplomates français qui sont en Algérie tandis que c’est une mesure qui ferait mal à l’État profond algérien qui bénéficie de tous ces avantages».
Avant quelques mois, M. Driencourt a déclaré dans des propos très commentés que «l’“Algérie nouvelle », selon la formule en vogue à Alger, est en train de s’effondrer sous nos yeux et qu’elle entraîne la France dans sa chute, sans doute plus fortement et subtilement que le drame algérien n’avait fait chuter, en 1958, la IVe République». Pour lui, «Le régime a montré son vrai visage : celui d’un système militaire (formé, on l’oublie, aux méthodes de l’ex-URSS), brutal, tapi dans l’ombre d’un pouvoir civil, sans doute autant affairiste que celui qu’il a chassé, obsédé par le maintien de ses privilèges et de sa rente, indifférent aux difficultés du peuple algérien.»
À l’AFP, M. Driencourt a livré d’autres vérités : «Les Algériens ne comprennent que le rapport de force. Il faut que nous aussi, on ait un discours qui soit plus clair», les autorités françaises doivent adopter une position «moins timorée, beaucoup plus forte» face à Alger, alors que le pouvoir là-bas se radicalise.